Incendie de l’usine Lubrizol : expertise de l’Anses sur les analyses de lait
Suite à l’incendie de l’usine Lubrizol, les productions végétales et animales telles que le lait, les œufs, le miel, ont été placées sous consigne dans un large ensemble de communes où des suies ont été observées (Seine-Maritime, Oise, Nord, Somme et Aisne). Dans le cadre de son expertise sur les risques alimentaires pouvant découler des retombées du panache de fumée, l’Anses a été sollicitée en urgence le 11 octobre pour fournir des éléments scientifiques sur les possibilités et conditions d’une levée des mesures d’interdiction visant la collecte du lait.
Au total, l’Anses a examiné les résultats des 130 prélèvements de lait (lait, lait cru, lait entier, mélange de laits de tank, principalement d’origine bovine et pour partie d’origine caprine) réalisés sur une période entre trois et onze jours après l’incendie, soit du 29 septembre au 7 octobre 2019.
Les contaminants définis en urgence et prioritairement recherchés lors de cette première vague de prélèvements sont les dioxines-furanes, PCB, HAP et éléments-traces métalliques (plomb, cadmium, mercure). Ces contaminants étant potentiellement présents dans l’environnement, des teneurs maximales réglementaires existent pour les aliments, qui visent à protéger la santé des consommateurs. Afin d’analyser les niveaux de contamination mesurés, l’Anses a effectué plusieurs comparaisons, notamment par rapport aux valeurs de contamination relevées au niveau national par les plans de surveillance et de contrôle.
En résumé, les prélèvements étudiés par les experts du Groupe d’expertise collective d’urgence de l’Anses :
- ne montrent pas de dépassement des teneurs maximales réglementaires (à l’exception d’une valeur atypique et isolée pour le plomb) et leurs valeurs médianes se situent en dessous de 20 % de ces teneurs maximales ;
- ne se distinguent pas significativement, pour les index statistiques considérés comme les plus pertinents par les experts (75ème et 95ème centiles), des résultats des plans nationaux de surveillance et de contrôle ;
- ne font pas apparaître, après regroupement spatial, de tendance temporelle à la hausse ;
- présentent de valeurs inférieures à celles qui ont pu être mesurées lors de précédentes situations de contaminations atypiques liées à des accidents industriels ou des pollutions chroniques importantes.
L’Anses souligne toutefois que des éléments d’incertitudes demeurent quant au risque de contamination du lait par les retombées de l’incendie et recommande des travaux supplémentaires afin de mieux repérer la dispersion des contaminants dans l’environnement et d’identifier d’éventuelles tâches de contamination.
Pour l’Anses, une levée des mesures de restrictions de la commercialisation du lait doit s’accompagner d’un dispositif de surveillance renforcée, qui :
- tienne compte du mode d’hébergement et d’alimentation des animaux ;
- permette une détection précoce de contaminations du lait, que ce soit via le sol de pâtures ou par le biais de l’abreuvement ou d’aliments locaux susceptibles d’avoir été exposés.
Enfin, s’agissant de l’élimination du lait non autorisé à la consommation, les experts rappellent qu’il convient d’être vigilant sur ses modalités de mise en œuvre et renvoient à cet égard aux dispositions en vigueur (règlement (CE) n°1069/2009 et ses textes d’application).