Programme One Health EJP : l’heure du bilan
Après plus de cinq ans, le programme conjoint européen « One Health EJP » va bientôt se terminer.
Coordonné par l’Anses, il a contribué à mettre en pratique le concept « One Health – Une seule santé » pour améliorer les connaissances sur les maladies transmissibles de l’animal à l’être humain, la sécurité sanitaire des aliments, l’antibiorésistance et les maladies émergentes.
Trois questions à Arnaud Callegari, coordinateur du One Health European Joint Programme (EJP) au sein de l’Anses.
Quel était l’objectif du programme One Health EJP et quelle a été l’implication de l’Anses ?
Le cœur du projet était de mettre en pratique le concept Une seule santé. Aujourd’hui les risques sanitaires n’ont pas de frontières, les enjeux de santé doivent être appréhendés de manière plus globale. L’approche « une seule santé », ou « One Health », a pour objectif de mettre en avant les liens étroits entre la santé humaine, la santé des animaux et l’environnement, ainsi que la nécessité d’y répondre par une approche intégrative et transversale entre ces trois composantes.
L’objectif du programme était d’acquérir de nouvelles connaissances sur les maladies appelées zoonoses, qui peuvent passer de l’animal à l’être humain. Le travail de l’EJP portait en particulier sur celles transmissibles par les aliments, celles présentant des enjeux vis à vis de la résistance aux antibiotiques et celles qui sont émergentes.
L’Anses a assuré la coordination générale du programme, en lien étroit avec l’organisme belge de santé publique Sciensano pour la coordination des activités scientifiques. Pour cela, elle a mis à profit son expérience acquise au cours de ces deux dernières décennies dans la coordination de projets de recherche européens de grande échelle. L’équipe de coordination a assuré l’ingénierie du programme, c’est-à-dire sa gestion juridique, administrative et financière.
En matière d’apport scientifique, l’Agence, via plusieurs de ses laboratoires, a participé à 24 projets collaboratifs et à 4 thèses financés par le One Health EJP. Elle était coordinatrice de six de ces projets et thèses.
La plupart des projets de recherche se sont terminés fin 2022, que reste-t-il à faire ?
L’année 2023 est dédiée à l’évaluation des résultats par un collège scientifique externe et à leur valorisation, notamment au travers de publications dans des revues scientifiques.
Les résultats et acquis sont très riches : collections de souches de bactéries, séquences de génomes d’agents pathogènes, méthodes de détection, procédures de surveillance, etc. L’appropriation et l’utilisation de ces résultats par les différents acteurs, nationaux et européens, prendra du temps vu le périmètre très large du projet et le nombre et la diversité des productions disponibles.
La restitution aux parties prenantes des résultats scientifiques de l’EJP One Health ne fait que commencer. Une conférence pour présenter les principaux enseignements du programme et discuter des défis à venir pour appliquer le concept One Health se tiendra à Bruxelles du 19 au 21 juin prochain.
Quel a été l’apport de l’EJP dans la mise en pratique du concept One Health ?
La spécificité de l’EJP One Health est d’avoir effectué au préalable une étude approfondie des besoins spécifiques de recherche à l’échelle européenne, en étroite collaboration avec les parties prenantes, pour pouvoir répondre à ces besoins. Ainsi, les objectifs ont été définis avec les évaluateurs et gestionnaires du risque sanitaire alimentaire, qu’ils soient nationaux comme les ministères, ou européens, tels l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) ou l’EEA (Agence européenne pour l'environnement).
En mettant en pratique le concept une seule santé, l’EJP One Health fait partie de ces initiatives publiques européennes ayant fait collaborer avec succès des chercheurs des secteurs de la santé humaine, de la sécurité sanitaire des aliments et de la santé animale. Il a aussi contribué à sensibiliser les communautés à l’approche « One Health » et à la nécessité de ne plus travailler en silo mais d’assurer une collaboration intersectorielle pour répondre aux défis sanitaires d’aujourd’hui et de demain. L’exemple de la pandémie de COVID-19 est la plus récente et la plus criante illustration de cette nécessité. L’institutionnalisation et l’opérationnalisation du concept One Health est en cours mais changer de paradigme est un processus qui ne se réalisera pas en un jour !