Détection de contaminants : un score pour évaluer les compétences des laboratoires d’analyse
Des scientifiques de l’Anses ont créé un nouveau score, le S-score, pour évaluer de façon statistique les capacités de détection des laboratoires d’analyse. Dès 2024, ce score sera mis en œuvre pour les essais inter-laboratoires afin de vérifier leur aptitude à détecter des contaminants comme par exemple la présence d’un pathogène ou d’une substance chimique dans un échantillon.
Les laboratoires d’analyse sont régulièrement soumis à des essais inter-laboratoires d’aptitude (EILA) pour évaluer leur compétence à détecter une substance chimique ou un pathogène. Au cours de ces essais, les laboratoires doivent analyser des échantillons dont le contenu est connu uniquement par le laboratoire organisateur. Afin de déterminer les performances des laboratoires d’analyse de façon objective, différents scores statistiques existent. Cependant, il existe peu de scores pour les tests qualitatifs, c’est-à-dire de type présence/absence. « Les EILA qualitatifs n’intègrent pas pour la plupart les échantillons proches de la limite de détection, explique Christian Baudry, statisticien au Laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses. Soit un laboratoire parvient à analyser correctement un échantillon, soit il n’y arrive pas. Cependant, la difficulté d’analyse n’est pas prise en compte pour l’évaluation du laboratoire participant. » Des scientifiques des Laboratoires de Ploufragan-Plouzané-Niort et Fougères de l’Anses se sont ainsi associés pour créer un nouveau score plus précis, facile à interpréter et qui intègre la difficulté de détection. Les laboratoires de l’Anses sont en effet régulièrement amenés, dans le cadre des nombreux mandats de référence français ou européens qu’ils détiennent, à organiser des EILA auprès des laboratoires de terrain agréés par le ministère chargé de l’agriculture (ou auprès des laboratoires nationaux de référence) pour réaliser les analyses officielles permettant de surveiller l’état sanitaire des animaux, végétaux et aliments qui circulent sur le territoire.
Un format de score inspiré par un test déjà existant
Ce score, nommé S-score pour « Summary score for binary data» se compose de deux parties. La partie entière de ce nombre, de 1 à 3, permet de connaître le résultat à l’essai d’aptitude : 1 signifie que les résultats sont satisfaisants, 2 qu’ils sont discutables et 3 qu’ils sont insatisfaisants. « La partie entière s’interprète comme le z score, qui est le score le plus utilisé pour les tests quantitatifs et auquel les laboratoires d’analyse sont habitués. », explique Michel Laurentie, responsable de la plateforme méthodologique d’appui statistique pour les activités de référence de l’Anses. La partie décimale du score indique quant à elle le pourcentage de résultats incorrects obtenus. Par exemple, un laboratoire obtenant un score de 1,25 aura rendu 25 % de résultats incorrects lors de l’essai, mais les résultats de celui-ci auront été jugés pour autant globalement acceptables, notamment si la méthode d’analyse était difficile à mettre en œuvre.
Les modalités de calcul et d’utilisation de ce score ont été publiées dans la revue Accreditation and Quality Assurance en février dernier. Les laboratoires de référence de l’Anses prévoient de commencer à utiliser le S-score dans le cadre des évaluations inter-laboratoires qu’ils organiseront à partir de juin 2024. Ce score sera proposé pour être intégré dans la norme statistique internationale appliquée aux essais d’aptitude des laboratoires (ISO 13528).